// Les films de vacances
Ne partez pas en vacances cet été sans emporter quelques souvenirs filmiques dans vos valises ! Profitez d’un moment de détente avec cette belle sélection d’archives amateures au doux air de pause ensoleillée...
Les films de vacances composent une grande partie des collections de la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine (CDNA) : près d’un film sur six est un film de vacances ! C’est un sujet aussi ancien qu’incontournable pour le cinéma amateur, que l’on retrouve dès la naissance de cette pratique de loisirs. Dans l’entre-deux-guerres, les cinéastes amateurs, tels que Robert Chabreyroux, Maurice Labouchet ou le couple Verger-Pratoucy, réalisent déjà de belles images de leurs voyages et de leurs vacances au bord de la mer.
Si les films de vacances partagent tous les attributs d’un film de famille, ils produisent également des images caractéristiques qui participent à la construction d’un imaginaire commun. Qui n’associe pas ses propres souvenirs de vacances à des images largement répandues dans la production amateure, comme les jeux d’enfants sur la plage, la baignade dans la rivière ou l’océan, les escapades à la campagne ou en montagne ?
Jeux d'enfants sur la plage, Robert Chabreyroux
Voyages à La Rochelle et à Royan, Maurice Labouchet
Belle-Ile 1939, Martial et Andrée Verger-Pratoucy
Les films de vacances mettent aussi en scène des modes de vie spécifiques, et surtout ceux des catégories sociales aisées disposant des ressources nécessaires pour filmer. Si filmer ses vacances peut paraître anodin à bien des égards, cette pratique est un bon moyen pour la bourgeoisie des années 1920 d’exposer ses habitudes et de montrer ses loisirs. Mais la démocratisation du temps libre, avec l’instauration des congés payés, et l’ouverture du cinéma amateur après-guerre, permettent bientôt à de nouvelles catégories sociales de filmer, à leur tour, leurs propres vacances. Pour les plus modestes, les films de vacances cristallisent de nouveaux enjeux sociaux et permettent d’affirmer une conquête sociale inédite. C’est en ce sens qu’on peut apprécier les films tournés par les instituteurs-cinéastes, comme Jean Aubrun ou Maurice Boutinaud, qui se sont intéressés aux séjours des enfants de leur commune dans les colonies de vacances installées en bord de mer. Ces archives amateurs documentent également l’apparition de nouvelles pratiques de vacances, comme le camping avec son lot d’activités décontractées.
Banize-Côte d'Azur, Jean Aubrun
Vacances à Oléron, Maurice Boutinaud
Les films de vacances invitent également à observer la transformation des espaces de tourisme tout au long du XXe siècle. Lorsque Robert Chabreyroux filme « le petit train » de Royan au début des années 1930, il évoque la mise en place progressive d’infrastructures devant répondre à l’afflux des touristes sur les côtes. Les films réalisés par Henri Galtié, Robert et Paule Laplante montrent bien, pour leur part, le développement soutenu du tourisme littoral dans les années 1950, à travers la fréquentation grandissante des plages landaises.
Le tramway de Royan, Robert Chabreyroux
Vacances à Capbreton et Saint-Jean-de-Luz, Henri Galtié
Capbreton 1954, Robert et Paule Laplante
Et quoi de plus éclairant qu’un film de vacances pour mesurer l’évolution des mœurs dans la société française ? Mis bout à bout, les films de vacances offrent un bon aperçu des modes vestimentaires et de la transformation du rapport - individuel et collectif - au corps. Du maillot de bain une pièce unisexe filmé dès les années 1920 aux ensembles deux pièces qui apparaissent sur les plages des années 1930 avant de se généraliser à partir des années 1950, les corps ne finissent pas de se dévoiler et de s’exposer pendant les vacances…
Vacances familiales en Bretagne, Anonyme
Baignade à la Sablière, Anonyme
Vacances 1952, Guy Charpentier
Plage de la Tranche-sur-Mer, Roger Breillout
On vous souhaite un bel été, en compagnie de ces beaux fragments de mémoires filmiques !