Stéphane Lhomme Lundi 15 Juillet

STEPHANE LHOMME, ARTISTE INTERVENANT POUR LA CINEMATHEQUE

Projectionniste depuis toujours, Stéphane Lhomme a manipulé pendant de nombreuses années la pellicule dans les cabines de cinéma. Comme pour beaucoup de projectionnistes, l’arrivée du numérique au tournant des années 2010 a été un moment de remise en question. Stéphane choisi alors une voie artistique, fortement nourrie par l’univers du cinéma. Il commence ainsi par photographier le mot « fin » sur son écran de télévision quand ce mot apparaissait encore dans le générique : « Ce mot a disparu aujourd’hui, c’était comme une politesse pour remercier les spectateurs d’avoir vu le film » dit-il. De là naît une collection de tirages argentiques, qu’il réunit dans un catalogue où il explore les typographies différentes, travaillées en rapport avec l’esprit du film.

Attaché à la matérialité des objets, collectionneur compulsif, il peint un rouleau d’anciens tickets de cinéma pour simuler une bobine de pellicule, manière de sacraliser en un seul objet des supports obsolètes. Il utilise la pellicule 35 mm comme support de création. Ici comme une plume, en diluant la gélatine de la surface pour la faire couler comme de l’encre. Ou en effaçant partiellement les photogrammes sur la pellicule avec de la javel pour en dessiner d’autres à la place, une sorte de palimpseste.

Son travail artistique nous a conduit à mener avec lui plusieurs ateliers en classe. Les élèves ont écrit, ou plutôt dessiné sur de la pellicule, avec leur propre graphie, et en respectant le nombre de 24 images par secondes, les mots FIN, END ou encore KONEC, que l’on trouve dans les productions tchèques. Le résultat est hypnotique et nous ramène aux origines de la création du mouvement au cinéma. Un trait vivant qui forme petit à petit une lettre de manière organique : « il faut faire vivre les lettres dans leur matérialité », aime à dire Stéphane. Poussant l’idée encore plus loin, il dispose les lettres du mot THE END, telles des silhouettes de spectateurs devant une photographie faisant office d’écran. La mise en abîme à l’infini.

Auteur : Olivier Gouéry